Paul Poulain
Paul Poulain est ingénieur commercial Essais-ATMO au sein du Groupe CNPP.
Auparavant, il travaillait dans un bureau d’études spécialisé en sécurité incendie et dans la maîtrise des risques industriels. Pendant huit ans, il a sillonné la France et le monde pour étudier les installations dangereuses. Il est également enseignant, formateur et conférencier indépendant.
Savez-vous combien d’accidents industriels subit la France chaque année ? Plus de 68 000. Environ 187 par jour.
Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal ! La plupart du temps, ils suscitent juste un entrefilet dans la presse régionale. Seuls les accidents les plus meurtriers font la une. AZF nous a ainsi douloureusement marqués il y a vingt ans. Trente et une personnes ont perdu la vie parce qu’une centaine de tonnes de nitrate d’ammonium avait explosé. Ce même matériau a provoqué plus de 200 morts à Beyrouth en 2020.
Pourtant, des ports comme Marseille ou Saint-Malo continuent à en stocker jusqu’à 60 000 tonnes. Vous l’ignoriez ?
Savez-vous seulement que des milliers de trains remplis de cette même matière dangereuse transitent, chaque matin, par la gare de triage de Drancy, en Seine-Saint-Denis ? À deux pas du RER B que 400 000 Franciliens empruntent quotidiennement ?
Vous tremblez ? Vous pouvez.
Et s’il n’y avait que ça. Imaginez, demain, la rupture du barrage de Vouglans dans le Jura. Plausible, vu l’état de vétusté de ces infrastructures. La vague que la rupture provoquerait pourrait atteindre la centrale nucléaire du Bugey dans l’Ain, entraînant potentiellement la libération d’un nuage radioactif à 30 kilomètres de Lyon. Cinq millions de personnes seraient menacées dans un rayon de 100 kilomètres.
Que font nos dirigeants pour nous protéger de ces risques et de tant d’autres présentés dans ce livre ? Trop peu. En dix ans, 10 000 contrôles sur des sites dangereux ont été supprimés ; les budgets des pompiers, amputés. Quant aux industriels, pour faire des économies sordides ils remplacent des salariés par des intérimaires ou des sous-traitants : 92 % de ce personnel travaillant sur des sites à risques d’incendie n’ont pas été formés à l’utilisation d’un extincteur.
Autant vous dire que… tout peut exploser.